Célébrités 1998 : acteurs de cinéma.
Romy
Schneider
Simone
Signoret
Jean
Gabin
Louis
De Funes
Bernard
Blier
Lino
Ventura

Romy Schneider (1938-1982)

Rosemarie Albach, née à Vienne, en Autriche, est la fille d'un couple de comédiens les plus célèbres du cinéma allemand : Magda Schneider et Wolf Albach-Retty. En 1953, Romy s'est inscrite à l'école des beaux-arts de Cologne en décoration cependant que sa mère la propose pour tenir le rôle de sa fille dans le film Lilas blanc. Les essais sont très remarqués : Romy est engagée. Le succès remporté impressionne. Désormais les offres affluent. La jeune actrice apparaît dans plusieurs films et, dès 1955, elle s'impose comme incontestable professionnelle dans la très célèbre série des Sissi qui la consacre au niveau international. Romy n'a alors que dix-sept ans ! De nombreux prix prestigieux couronnent ensuite travail et talent chez cette jeune femme fougueuse qui l'on peut admirer à loisir dans soixante films. L'Etoile de cristal de l'Académie du cinéma en 1963 lui est attribuée pour sa création dans Le Procès. En 1964, la Victoire du cinéma français est décernée à Romy, récompensant ainsi la meilleure actrice étrangère de l'année.

1975 la voit doublement encensée : elle obtient alors l'Archange du cinéma puis le prix d'interprétation féminine du festival de Taormina. Le film Le Vieux Fusil dans lequel, magistrale, elle se trouve aux côtés de Philippe Noiret remporte trois Césars, puis, sacralisation suprême, le César des césars. Le Prix de la meilleure actrice de l'année lui est décerné en 1977 par l'Allemagne. Un nouveau César lui est attribué en 1979 pour Une histoire simple. Elle reçoit, au festival de Taormina, en 1980 le David di Donatello pour l'ensemble de sa carrière. Carrière éminemment remplie que celle de Romy Schneider qui tourna auprès de grands noms du cinéma pour bon nombre de metteurs en scène parmi les plus prestigieux. Les kyrielles de succès n'ont pas altéré élans, gravité, passion, chez cette actrice obstinée, exigeante qui jamais ne tricha, offrant toujours, comme en état d'urgence, des émotions vraies. Sensibilité, vulnérabilité mais aussi force immense ont fait de Romy Schneider une actrice souveraine.

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Simone Signoret (1921-1985)

Simone Kaminker naquit en Rhénanie, à Wiesbaden, où son père, français, appartenait aux troupes d'occupation en Allemagne. Quand sa famille revient à Paris, elle étudie et obtient une licence d'anglais. Professeur et traductrice dans le Paris de l'Occupation, elle fréquente les caves existentialistes de Saint-Germain-des-Prés. Découvrant l'univers du Flore et les milieux du cinéma, elle obtient quelques rôles de figurante puis rencontre le réalisateur Yves Allégret qui lui donne son premier "vrai rôle" dans Les Démons de l'aube en 1946. La même année, Simone Signoret, qui a pris le nom de sa mère, se voit attribuer le Prix Suzanne-Bianchetti, destiné à couronner un jeune talent d'avenir pour sa célèbre interprétation de Gisèle dans Macadam. L'année suivante confirme les qualités de la jeune actrice puisque le public anglais la sacre vedette internationale pour le film Against the wind (Guerriers de l'ombre) et lui attribue ensuite le Prix de l'Académie Award à Londres pour son rôle de Marie dans le film de Jacques Becker, Casque d'or.

Entre temps elle connaît de grands succès français et internationaux. Elle est bien cette grande comédienne qui sait entrer dans la peau des personnages les plus divers. Son talent incontestable la mène sur la scène du théâtre Sarah-Bernhardt où le triomphe est total puisque public et critiques saluent unanimement sa prestation magistrale au côté d'Yves Montand dans Les Sorcières de Salem. Après l'immense triomphe, la pièce sera reprise au cinéma. Room at the top (Les Chemins de la haute ville) lui vaut le Prix de la meilleure interprétation féminine à Cannes et un Oscar à Hollywood. Simone Signoret mène alors une carrière multiple puisqu'on la retrouve au cinéma, au théâtre mais aussi dans de brillantes interprétations à la télévision. Le César de la meilleure actrice en 1978 couronnera une fois encore dans La Vie devant soi cette femme d'une popularité absolue.Actrice remarquable puisque sa présence sensible a imprimé tous ses rôles, qu'ils aient été ceux de sa jeunesse ou de sa maturité. Femme de tête, femme de cœur au regard troublant et félin, à la voix inimitable et inoubliable.

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Jean Gabin (1904-1976)

Si Jean Moncorgé est né à Paris, c'est à Mériel, petit village de l'Oise qu'il a grandi "sauvagement". Son père, Ferdinand-Joseph, avait pris le patronyme de Gabin pour ses débuts dans la chanson : le fils le garda. Père et mère chantent dans les caf' conc' cependant que Jean, turbulent, peu motivé par l'école, s'attarde devant la voie ferrée. "Quand je serai grand, je conduirai des locomotives" dit le bambin, mais son père ne l'entend pas ainsi qui veut le voir, comme lui, monter sur les planches. Jean s'essaie comme maçon, manœuvre, magasinier, puis, poussé par son père, il accepte un rôle de figurant aux Folies-Bergère, et, s'affirmant dans le métier, il met au point un tour de chant. Il plaît, est remarqué et demandé. Le jeune Gabin débute devant les caméras par Chacun sa chance : il a 26 ans et trouve le septième art bien tentant. Quatre-vingt-quinze films vont suivre, faisant de lui l'un des premiers interprètes du cinéma français. Qu'il joue les mauvais garçons, les jeunes premiers, les insoumis, Gabin est à son aise. L'étendue des émotions qu'il peut fournir est immense. Et il est prodigieux d'observer qu'avec une économie de gestes - un imperceptible haussement d'épaule, un mouvement de sourcil - il peut tirer les plus grands résultats. L'on sent bien chez lui le professionnalisme de l'acteur qui travaille ses effets pour jouer "vrai".

Qui ne se souvient de la prestation de Gabin dans Quai des Brumes ? Qui n'a en mémoire Jacques Lantier, ce conducteur de "La Lison" dans La Bête humaine ? Cette locomotive qui permit à Jean adulte de réaliser son rêve d'enfant en 1936. Gabin, qui incarne avec aisance, naturel et sobriété d'expression tous ses rôles, fait que certains trouvent en lui non simplement un partenaire mais également un maître. Ainsi le jeune Ventura dans Touchez pas au Grisbi ou Delon dans Deux Hommes dans la Ville. Comment ne pas être marqué en effet par ce jeu de l'acteur qui allie maturité et tendresse, sensibilité mêlée de brusquerie, pudeur due sans doute à une extrême timidité, et cette voix si personnelle qui sut nous chanter humblement en fin d'une carrière brillante : "Je sais que je ne sais rien".

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Louis De Funes (1914-1983)

Louis de Funès naît à Courbevoie le 31 juillet 1914. En s'installant en France, son père Carlos, ancien avocat de Séville, est devenu diamantaire. Mais, c'est sans doute de Léonor, sa mère, que Louis tient ce don comique car, très jeune, il la parodie dans ses irrésistibles colères ou ses éclats de rire pittoresques pour la plus grande joie de l'entourage familial. En outre il dessine bien. Mais quel métier exercer ? Lorsqu'il voit une petite annonce : " cherchons pianiste " en 1939, le jeune homme se lance. Pianiste la nuit, Il fait danser sur des airs à la mode et s'inscrit au cours Simon car il veut devenir comédien. Il y rencontre Robert Dhéry et Daniel Gélin. L'année 1956 il triomphe dans le rôle de l'épicier, égorgeur de cochons. Jambier fait découvrir l'immense talent de de Funès dans La Traversée de Paris. Et puis, janvier 1961 : Oscar ou les tribulations de ce promoteur sans scrupule connaît un triomphe au théâtre de la Porte-Saint-Martin. Les critiques de théâtre saluent les indéniables qualités comiques de l'acteur. Ce petit homme semble monté sur ressorts, accumulant les mimiques cocasses, feignant de funestes fureurs. Ensuite, viennent de nombreux succès tels que : Le Gendarme de Saint-Tropez, La Grande Vadrouille, Rabbi Jacob, la série des Fantômas... Carrière impressionnante avec 143 films, il a su prouver que le comique pouvait être talentueux et respecté.

Pathétique ou burlesque, il savait se montrer certes obséquieux dans bien des rôles mais était avant tout cet immense grand comique exigeant et rigoureux, un des acteurs les plus célèbres de France. Le record d'entrées pour La Grande Vadrouille (1966) n'a été battu qu'en 1998 par Titanic.

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Bernard Blier (1916-1989)

Bernard Blier naquit le 11 janvier 1916 à Buenos Aires où son père, biologiste à l'institut Pasteur, se trouvait en mission. La famille rentre à Paris où Bernard fait ses études au Lycée Condorcet. Très jeune, il se distingue comme farceur de grande qualité et, à 12 ans, souhaitant devenir comédien, il a recours aux talents de persuasion d'un de ses professeurs pour convaincre son réticent père scientifique. Trois ans passent et le jeune garçon suit les cours de Julien Bertheau et de Raymond Rouleau. Il tente le conservatoire. Par trois fois, il est recalé. Louis Jouvet l'admet en qualité d'auditeur. Blier, reçu premier, intègre alors la classe de laquelle il sortira sans titre. Peu importe, il est lancé. Il a fait ses débuts au cinéma et joue au théâtre. Une brillante carrière cinématographique lui est ouverte avec son émouvante prestation dans Hôtel du Nord où Marcel Carné lui a proposé le rôle du pauvre bougre amoureux d'Arletty. Mais la guerre éclate. Mobilisé, fait prisonnier, Il s'évade. Rentré à Paris, il reprend une carrière très dense et riche puisqu'en cinquante années d'activité, il tourne dans plus de cent soixante films et joue dans bon nombre de pièces de théâtre.

Sa carrière cinématographique se déroule avec brio en France, certes, mais également en Italie où il tourne sous la direction notamment de Luchino Visconti ou d'Ettore Scola. Au cinéma, au théâtre, dans ses téléproductions, Bernard Blier a su donner à tous ses rôles - y compris les plus humbles - une profondeur telle qu'ils ne passaient jamais inaperçus. Sa conscience professionnelle, son talent, ont réussi à empreindre de compassion, de gravité mais aussi d'humour et de fantaisie les innombrables personnages qu'il a pu incarner. Qu'il ait eu à représenter le prêtre ou le bagnard, le cocu, le malfrat, le bon garçon trompé, l'hôtelier louche, l'espion, le gangster ou le valeureux oncle Saltiel d'Albert Cohen dans le roman Mangeclous - son dernier rôle - Bernard Blier a, en toutes occasions, su donner une humanité à ses personnages.Goguenard ou pathétique, Bernard Blier a toujours su trouver le ton juste ou la mimique irrésistiblement drôle qui font de lui un magicien hors pair.

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Lino Ventura (1919-1987)

Né à Parme, Angelo Ventura, issu d'une famille d'exportateurs, quitte l'Italie en 1927 pour venir s'installer à Paris. Il interrompt rapidement ses études secondaires pour gagner sa vie. Très grand amateur de sport, il pratique avec passion et acharnement le catch, la lutte gréco-romaine, le football. En 1950, le lutteur professionnel, champion d'Europe, devient organisateur de combats et, c'est salle Wagram que Jacques Becker le remarque et lui offre de débuter au cinéma dans Touchez pas au grisbi. Nous sommes en 1954 et "Lino", silhouette d'athlète, allure très décidée et physique carré, interprète à merveille ce chef de gang qu'une lutte sans merci oppose au déjà célèbre Jean Gabin. Et pour Lino Ventura s'ouvre tout naturellement une carrière affectée à des emplois de "dur" dans des polars. Gangster ou policier, Ventura reste cantonné quelques années dans des rôles de baroudeur frondeur ou d'agent des services spéciaux : son physique l'y destine mais cela ne lui suffit pas.

Devenu une vedette très populaire, Lino Ventura est convaincu que sa carrure lui imposera bien souvent des rôles de truand mais, dès Classe tous risques de Sautet, l'acteur insuffle une densité psychologique à ses rôles très physiques. Lino Ventura devient éblouissant, offrant l'homme et non simplement la brute ; l'homme tout à la fois tendre, malheureux, dévoilant, avec une infinie délicatesse, trahisons ou meurtrissures. Le comédien de premier rang ainsi créé se voit tout naturellement propulsé au premier plan des stars du cinéma international. Et sa carrière nous montre un acteur au jeu tout en finesse. Souvenons-nous de ce père libéral et compréhensif d'Isabelle Adjani dans La Gifle. Souvenons-nous aussi de sa prodigieuse prestation au côté de Léa Massari dans Le Silencieux lorsque - savant atomiste - il se trouve être le jouet du gouvernement britannique. Echange de regards, drame intense, bouleversante détresse.Acteur de grand talent, Lino Ventura a su apporter à des rôles parfois ingrats une amplitude psychologique avec ce qui l'a toujours caractérisé : modestie, grand cœur et sensibilité.

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