Nature de France : Chiens & chats (1999).
Le Chartreux l'Européen le Pyrénées l'Épagneul

Le Chartreux

De nombreuses légendes courent sur l'origine du chartreux. Vient-il de la Grande-Chartreuse, dans les Alpes, où les moines l'appréciaient pour sa couleur proche de celle de leur bure? Provient-il de l'hôpital de Belle-Isle, où les religieuses l'avaient élu pour ses qualités de chasseur de souris, mais aussi pour sa robe aussi grise que leur propre uniforme? On lui attribue aussi des origines parisiennes, car sa présence est signalée dans l'ancien couvent des chartreux qui s'élevait à l'emplacement de l'actuel palais du Luxembourg. En réalité, il est probable que ce chat français par excellence, qui fait partie des races les plus anciennes, n'est français que d'adoption : originaire de Turquie ou d'Iran, il aurait gagné nos rivages il y a quelque quatre siècles, à bord de navires marchands. Le Chartreux fut longtemps - triste destin - exploité pour la pelleterie. Teintée et rasée, sa fourrure était vendue pour celle de la loutre. De nos jours, c'est pour son bel aspect et son bon caractère qu'il est apprécié et même recherché. On remarque d'emblée chez lui sa "bonne tête" aux joues rebondies. "Mon petit ours aux joues pleines" : c'est ainsi que l'écrivain Colette, amoureuse des chats en général et des chartreux en particulier, appelait le sien.

Le corps du chartreux est robuste, plus massif chez les mâles que chez les femelles. Sa robe, au poil court et lustré, à la douceur de velours, est caractéristique. De couleur bleu-gris, elle doit être parfaitement unie pour correspondre aux canons de la race. Vif et redoutable quand il retrouve les réflexes de chasseur, le chartreux est le plus souvent un chat tranquille et reposant, qui aime marquer de longues pauses sur un coussin et devient facilement paresseux. Intelligent et subtil, avec un charme bien à lui, il est d'une exceptionnelle fidélité : comme le siamois, il peut se laisser mourir de faim, s'il est séparé de son maître. On dit même de cet excellent compagnon de l'homme qu'il est "un chien déguisé en chat".

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l'Européen

Jusqu'au début du siècle, on l'appelait le chat des rues, ou le "gouttière". Nul ne songeait alors à présenter dans les expositions ce chat réputé commun, ce "roturier". L'européen doit son nom - et sa réhabilitation, confirmée aujourd'hui par les honneurs du timbre - à une très respectable association féline britanique. Tenant congrès en 1925, le Governing council of the cat fancy décide que ce chat, de loin le plus répandu au monde, mérite autant d'attention que toutes les races dites pures qui sont pourtant, pour la plus part issues de lui - les persans, angoras et autres chartreux. Ainsi, le "gouttière" devint-il l'Européen, c'est à dire une race à part entière, avec son propre "standard".

L'européen, de fait, appartient à la plus pure des races : celle dont la sélection s'est opérée sans recourir à la génétique. Au hasard des portées, malgrè les milliards de rencontres qui ont jalonné sa longue carrière, on retrouve toujours cette robe tigrée qui, aux yeux du grand public, fait de lui l'archétype du chat. S'il a su ainsi franchir les siècles - embaumé par les Égyptiens, compagnon des sorcières au Moyen-Âge, sujet d'inspiration pour de nombreux artistes -, l'Européen le doit à ses indéniables qualités. Intelligent, résistant, c'est un "rustique" au physique équilibré, apte à vivre par tous les temps et dans toutes les situations. Excellent chasseur, il a la démarche souple et élastique des grands félins. Si ses capacités d'adaptation sont grandes, son caractère n'en est pas moins affirmé. Distant, indépendant, il n'apprécie guère d'être importuné, et le fait savoir en grondant ou en se rétractant. Mais lorsqu'il est en confiance, il se montre le plus fidèle des compagnons. Quant aux couleurs de sa robe, elles sont loin de se limiter au tigré, qui représente le type même de la race. Noir de jais, blanc pur, chocolat, lilas, crème, bleu mais aussi bicolore, "fumé" aux reflets argentés, écaille de tortue : l'Européen multiplie les variétés. Tout en restant unique, aux yeux de son maître.

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le montagne des Pyrénées

Avec sa taille qui peut dépasser les 80 cm et son poids qui atteint 60 kg - ce qui le rend fréquemment aussi lourd que son maître -, le chien de montagne des Pyrénées, appelé plus couramment Pyrénées, est l'un des plus grands molosses européens à robe blanche. Si la France est son pays d'origine, il possède sans doute des liens de sang avec le berger des Maremmes italien, le kuvasz hongrois, le cuvac slovaque et le berger d'Anatolie. Mentionné dès le XIVème siècle, originaire des Pyrénées françaises, on le rencontrait surtout en Andorre. Son ascendance montagnarde ne l'a pas empêché de connaître les honneurs de la Cour, lorsque Madame de Maintenon, en 1675, le fit connaître à Versailles. Utilisé initialement pour la garde des troupeaux, sa robe blanche le confondant avec la laine des moutons, le Pyrénées faillit disparaître au début de ce siècle, avant d'être redécouvert comme chien de compagnie et de garde. Il est aujourd'hui bien implanté non seulement en France mais aussi en Grande-Bretagne et en Amérique du Nord.

Sa race est sélectionnée depuis 1907. Les éleveurs ont estompé progressivement son caractère vindicatif et autoritaire, tout en conservant les qualités de noblesse et de courage qui font le charme de la race. Qu'on ne confonde pas cependant sa patience avec de la mollesse : ce chien indépendant et têtu est toujours capable de défendre farouchement son territoire. Malheureux en ville, il doit pouvoir disposer de grands espaces où déployer son imposante morphologie. Massif mais non dépourvu d'élégance, le Pyrénée possède un poil fourni, plat et assez long. Blanc uni ou avec des marques grises, jaunes ou oranges, surtout à la tête, il possède de petites oreilles tombantes, implantées à hauteur des yeux et collées à la tête. Ses petits yeux obliques sont de couleur ambre. Sa queue forme panache et fait la roue s'il est excité. Ses pieds, surmontés de "culottes" de franges laineuses sur les antérieurs, sont petits et compacts.

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l'Épagneul

On le rencontre souvent, débordant d'énergie et d'affection, dans les régions où abondent les chasseurs : l'épagneul breton est en effet l'un de leurs plus sûrs compagnons. Sa robustesse légendaire le destine aux longues équipées à travers bois, forêts ou marécages, d'autant que ce grand sportif se double d'un chasseur complet : ce chien d'arrêt excelle aussi bien à pister le gibier qu'à le rapporter - ce qui était sa finalité initiale. D'origine française, l'épagneul breton remonte au XVIIIème siècle. Sa race a été crée par croisements entre divers épagneuls français et des races anglaises - le setter principalement, mais aussi le spaniel et le springer. L'épagneul breton devrait cette ascendance franco-britannique aux habitudes des chasseurs anglais qui venaient jadis giboyer sur le continent et y laissaient leurs chiens en pension entre deux saisons de chasse. Reconnu officiellement en 1900, l'épagneul breton s'est largement répandu par la suite au-delà des frontières françaises, notamment aux États-Unis, où il porte le nom de brittany.

Chien de taille moyenne, l'épagneul breton mesure environ 50 cm pour un poids de 15 à 18 kg. Il vit généralement treize ou quatorze ans. Son aspect est caractérisé par une queue très courte, réduite à un moignon, une poitrine ronde, un arrière-train musclé, une tête arrondie au museau assez court, des oreilles plantées haut et elles même arrondies. Ses yeux, de couleur ambre, sont très expressifs, ses lèvres plus serrées que chez la pluspart des autres épagneuls. Son poil est plat ou légèrement ondulé. Le plus souvent bicolore - blanc à taches oranges, marron ou noires -, l'épagneul breton peut être aussi tricolore. Si ce superbe chien n'est jamais aussi heureux qu'à la chasse, où il déploie toute sa fougue et traque tous les gibiers, son apparence rustaude cache un caractère fidèle et obéissant qui en fait un excellent animal de compagnie - à condition de disposer d'un jardin et de lui assurer une activité régulière.

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