Nature de France (2003).
Colibri à tête bleue Toucan ariel Terpsiphone de Bourbon Colibri grenat

Colibri à tête bleue

Elégamment habillé de vert et de bleu métalliques pour le mâle, plus sobrement de vert et de blanc pour la femelle, le colibri à tête bleue ne vit qu'à la Martinique et dans l'île voisine de la Dominique; on dit qu'il y est endémique. C'est surtout un habitant des montagnes, qu'on trouve aussi bien en forêt que dans des régions plus ou moins découvertes, et même dans les jardins. Le mâle et la femelle ne restent ensemble que le temps nécessaire à l'accouplement, la femelle construit le nid et élève seule les jeunes. Le nid est une coupe minuscule de petites tiges, de fibres végétales et de duvet de plantes, camouflée à l'aide de morceaux de feuilles mortes et bien cachée sur une branche verticale à faible hauteur dans la végétation dense. La femelle y dépose deux œufs blancs de mars à mai. L'incubation dure une quinzaine de jours. Le colibri à tête bleue consomme le nectar des fleurs, qu'il va chercher au fond des corolles de ces dernières à l'aide de son bec allongé. Il se nourrit aussi beaucoup de petits insectes et d'araignées, qui lui fournissent l'azote dont son organisme a besoin et qu'il peut très bien pourchasser ailleurs que dans les fleurs, parfois même en volant. Son vol ressemble à celui d'un gros insecte.

Le colibri à tête bleue n'est pas directement en danger, mais sa distribution restreinte et, de plus, morcelée le rend vulnérable aux catastrophes, naturelles ou non; c'est ainsi que ses populations de la Dominique ont beaucoup pâti des cyclones des années 1980. Les colibris se trouvent strictement sur le continent américain, et ne sont pas proches parents des souimangas, petits passereaux communs dans les tropiques de l'Ancien Monde, petits et brillamment colorés comme eux, souvent, et à tort, appelés "colibris".

[Haut] Reproduction interdite © La Poste 2003 Jean-François Voisin

Toucan ariel

Le toucan ariel est un oiseau de la taille d'un goéland presque tout de noir vêtu, avec du blanc sur la tête et le haut de la poitrine, un peu de rouge dessous, du jaune sur le croupion. Cette livrée contrastée le rend difficile à voir dans le feuillage dense des forêts. Son énorme bec, long d'une quinzaine de centimètres, est remarquablement léger car creux, et renforcé par des travées osseuses disposées selon les lignes de contrainte mécanique. Son cri rauque ainsi que son chant en curieuse suite de coassements lui ont fait décerner le nom créole fort approprié de "criard". Comme tous les toucans, il possède la faculté unique chez les oiseaux de pouvoir replier sa queue bien à plat en l'étalant sur son dos. On le trouve dans une zone qui s'étend du Venezuela et de la Colombie à l'ouest du Brésil et au nord de la Bolivie. En Guyane, il est présent sur tout le territoire, et plus spécialement dans les forêts à palmiers pinot et comou, dont il apprécie beaucoup les fruits. Son régime alimentaire est d'ailleurs fort varié, et, à côté de végétaux, comprend notamment divers insectes et petits vertébrés. Pour nicher, il utilise des cavités naturelles dans des troncs d'arbres, et y pond deux ou trois œufs plutôt petits pour sa taille. Il fréquente aussi bien les forêts primaires que les secondaires anciennes et investit volontiers les forêts marécageuses, de sorte qu'il résiste assez bien aux dégradations de son habitat. Cependant, il paie un lourd tribut à la chasse, légale ou non, ainsi qu'au trafic d'animaux de compagnie.

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Terpsiphone de Bourbon

Avec sa robe sobre, ses teintes harmonieuses, son grand œil noir, le terpsiphone de Bourbon est un joyau de la faune de la Réunion, où il est endémique. Les Créoles là-bas l'appellent "Zoiseau-la-Vierge", nom bien plus seyant que le pédant "terpsiphone". Les livrées du mâle et de la femelle sont semblables, hormis la couleur de la tête: noir profond à reflets bleus chez le mâle, gris foncé chez la femelle et les jeunes. Ce bel oiseau habite les forêts denses aussi bien sur la côte qu'en montagne, où il est plus rare. Il vit en couple, et construit un nid en forme de coupe profonde avec des débris végétaux, de la mousse et des toiles d'araignées. Il ne semble pas beaucoup se soucier de bien le dissimuler; peut-être est-ce un souvenir du temps où les prédateurs terrestres n'existaient pas dans l'île. Le mâle exécute une jolie parade assez discrète, pendant laquelle il maintient son corps vertical, plumes serrées, bec entrouvert pointant d'abord vers le ciel, puis incliné à gauche et à droite d'un mouvement oscillant. Son chant modulé est agréable.

Malgré son air mignon, le terpsiphone de Bourbon est un oiseau agressif, très territorial, qui chasse sans pitié de son domaine tout intrus de son espèce. Son régime? est strictement insectivore, et il capture essentiellement ses proies au vol, de son bec large et aplati. Le terpsiphone de Bourbon, malgré son aire de distribution peu étendue, n'est pas actuellement une espèce menacée, mais son inféodation aux forêts, en particulier à celle de basse altitude, le rend vulnérable aux défrichements et aux dégâts occasionnés par les typhons.

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Colibri grenat

Le colibri grenat est répandu dans toutes les Petites Antilles ainsi que dans une zone réduite de l'est de Porto Rico. Mâle et femelle partagent le même plumage brillamment coloré. C'est un habitant des forêts montagneuses, et on le trouve rarement au-dessous de 500 m d'altitude. Bien qu'il soit essentiellement sédentaire, l'apparition d'individus égarés, par exemple dans les Grandes Antilles, suggère que certains passent parfois d'une île à l'autre. La femelle installe son nid, qui ressemble à celui du colibri à tête bleue, sur une branche verticale, et défend énergiquement sa progéniture, n'hésitant pas à attaquer les animaux bien plus gros qu'elle qui s'en approcheraient de trop près. Le colibri grenat se nourrit dans les strates moyennes et supérieures de la forêt, mais il ne dédaigne pas les fleurs de bananiers, voire celles de plantes basses, et visite les jardins de temps à autre. Il chasse de petits invertébrés sur les feuilles et va même jusqu'à voler aux araignées les proies qu'elles ont capturées dans leurs toiles. Tout comme de nombreux insectes, les colibris participent activement à la pollinisation des fleurs dont ils prélèvent le nectar.

Malgré une aire de distribution somme toute assez limitée, le colibri grenat n'est pas actuellement considéré comme étant en danger, car il est encore abondant dans certaines zones et occupe volontiers les milieux créés par l'homme, comme les plantations d'essences exotiques.

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